A l’occasion du forum parallèle organisé par EuroMed, un panel de discussions très riches a mis en lumière et analysé les tendances de la violence sexiste en ligne. Les intervenantes ont toutes exprimé le fait que les espaces non numériques et numériques sont interliés, et que les violences en ligne sont la continuité des violences du monde physique.

Les conclusions de l’étude réalisée par l’EIGE (Institut Européen pour l’Egalité entre les Hommes et les Femmes) et présentées par Eleonora Esposito, font apparaître que les violences sexistes en ligne sont intersectionnelles. Mais aussi que les instruments législatifs existants sont trop généraux, ne sont pas encore ou trop peu adaptés au monde numérique, et ne sont pas harmonisés au sein de l’UE. Une directive est en préparation et devrait bientôt voir le jour à ce sujet. Eleonora a encore exprimé la nécessité d’avoir une collecte de données plus large. Notamment en harmonisant et alignant les critères des recherches au sein des pays de l’UE. Car seuls les éléments mesurés deviennent visibles et donc contrôlables.

Dans son témoignage, Karima Nadir, défenderesse des droits humains et fondatrice du mouvement féministe « Collectif 490 » au Maroc, à son tour a précisé que les études officielles ne reprennent que des cas officiellement connus et sont bien en-dessous de la réalité. Les chiffres des études réalisées par la société civile, par exemple par une organisation comme la sienne, sont bien plus parlants car les données sont récoltées sur le terrain. Elle a également insisté sur la nécessité d’avoir des lois coordonnées qui protègent contre le cyber-harcèlement. Elle-même en a été victime et n’a reçu aucun soutien officiel juridique. Elle n’a pu compter que sur l’élan de solidarité de son réseau personnel sur les réseaux sociaux.

Laia Serra Perelló, avocate pénaliste et experte en matière d’égalité des sexes, de violence sexiste et de discrimination en Espagne, a quant à elle tiré plusieurs leçons du cyber-harcèlement dont elle a été victime. La première est que les femmes exposées publiquement doivent préparer leurs interventions, ceci afin d’augmenter leur protection et limiter les impacts négatifs. Ensuite, elles doivent réfléchir aux conséquences à court-moyen-long terme de leurs réactions et ne pas tomber dans le piège de répondre aveuglément aux provocations. Laia a aussi insisté sur l’importance d’investir dans des études sur les violences numériques basées sur le genre. Car sans données, il n’est pas possible de cibler les profils des victimes et par conséquent de réagir adéquatement pour les protéger. Enfin, elle se réjouit que l’UE travaille sur une directive pour avoir un cadre juridique harmonisé.